INCOMPRÉHENSIBLE
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Il n'est pas surprenant de voir de plus en plus de citoyens se détourner du projet européen pour se perdre dans le vote nationaliste. Pour adhérer à un projet, encore faut-il en comprendre le sens et en sentir les bénéfices. Je pensais naïvement que l'UE était là, dans le secteur laitier, pour « protéger » ses producteurs et leur donner une autre perspective que s'entre-tuer. C'est bien ce à quoi incite la mécanique infernale qui s'est mise en route avec la fin des quotas sans aucun garde-fou contre la volatilité. Et je ne parle même plus du dispositif d'anticipation des crises qui aurait dû s'imposer, mais juste de la façon de les gérer.
OK, la lourdeur inhérente à la gestion des quotas a vécu. OK, la production doit se caler sur un vrai marché. Mais entre la rente de situation du marché fictif d'hier, dopé par des restitutions et un stockage financés par le contribuable, et le tout marché, il y a un juste milieu à trouver. Sauf à retrouver, comme aujourd'hui, des producteurs au bord du gouffre et du désespoir... en première ligne ceux venant d'investir, les forces vives de demain. Incompréhensible.
La façon dont l'UE n'a pas géré l'impact plus que prévisible de l'embargo russe sur l'équilibre du marché n'est pas juste un scandale. Elle signe l'incompétence de ces fonctionnaires qui pensaient que la baisse du prix du lait réglerait le problème en deux coups de cuillère à pot. À moins qu'ils ne l'aient fait sciemment, jugeant le nombre de producteurs encore trop élevé. Car imaginer une minute que la baisse du prix allait freiner les velléités de production des Néerlandais, c'était faire fi de leur capacité de résistance évidente après trois ans avec un prix du lait (42/33) moyen à 400 E/1 000 l, sans parler de l'effet volume (lire p. 12).
Par Jean-Michel Vocoret, rédacteur en chef
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